Quand chante le silence, une somme de vers qui, je ne sais comment, ont echappe a mon indifference: des poemes (tout comme mes peintures) j'en ai beaucoup plus detruit ou egare que garde. Ma muse etant imprevisible, j'ai ecrit n'importe ou, peut etre a la faveur d'une nuit blanche, peut etre sous l'effet de quelque boisson capiteuse. S'il est des poetes, des artistes, qui ont le vin gai, mon vin a moi est plutot revolte et/ou plaintif. Cette opinion que j'ai de moi-meme est une realite inherente au caprice-inne d'un artiste dont la solitude, pourtant volontaire, tel un frelon insolite ne se pose que sur des fleurs cernees d'epines. Voila, sans doute, une realite que d'aucuns attribueront a un pessimisme invetere, incurable. Se tatouer, c'est se soigner, dit en substance un proverbe Kabyle - Une sagesse ancestrale dont je suis imbu et dont on trouvera certainement les stigmates d'une passion. Evidemment, nul n'ecrit ou ne pratique quoi que ce soit que pour exorciser une certaine angoisse des profondeurs. Ces poemes ecrits sur le vif d'un etat d'ame (parfois abandonnes sur la nappe de papier blanc de quelque coin de bar) ne se veulent nullement d'erudition, ni d'exegese approfondie d'un monde, le mien; d'une societe, la mienne. Ils ne sont qu'un pale reflet d'une verite d'etre, d'une sensibilite a fleur de peau. Je prefere penser qu'en ecrivant ces vers, je n'ai fait que me laisser aller entre la revasserie et la realite des etres et des choses qui m'entourent, sans nul souci d'esthetique spontanement, comme une inspiration peut couler de source. Souvent, rien ne fausse davantage l'ame d'une creation artistique que ne vouloir a tous les coups l'expliquer. C'est la consideration intrinseque que j'ai de ces vers qui, une fois relus, me semblent derobes d'une region de moi tres mal connue de moi ! Quoi qu'il en soit, je n'entends pas ici m'exercer au metier de critique litteraire . Une chose est certaine: j'obeis a une muse ecorchee vive, harcelee, foncierement indisposee par l'absurde egoisme des hommes. Ma muse a aime et souffert. Elle connait encore la dereliction et la deconvenue, celle d'un poete qui finira par devenir un sublime indifferent a tous les reves impossibles. De la cette sorte d'angoisse creative qui s'est definitivement refugiee dans l'amour du Silence. Loin des agapes lucratives, loin des preches obscurantistes, loin des attitudes velleitaires du pouvoir de l'argent, du pouvoir tout court. En somme, loin de l'absurdite de la condition humaine. Ainsi, a la faveur d'une nuit blanche ou au gre d'une ironie du sort, ma plume prefere ecouter chante le Silence...