Dans l'ensemble de son oeuvre, Michel Leiris apprehende la poesie en fonction de la pensee obsedante de la mort, faisant de cette derniere le principal moteur de l'activite creatrice. Leiris voit dans sa tentative de definition de la poesie, bien plus que dans sa propre creation, une facon de combattre cette obsession. La pensee de la mort entraine donc une redefinition de la poesie. L'ensemble de l'oeuvre leirisienne peut alors etre lue comme un metadiscours traitant de l'outil poetique et qui tend a repondre a cette unique question: qu'est-ce, au fond, que la poesie? Cette quete conduit finalement l'auteur a considerer la poesie comme un "art sacre." A l'instar de toutes les formes de religion, la poesie repose sur la negation de la mort. Si elle peut, en ce sens, etre qualifiee de religieuse, elle ne prend pas en compte, toutefois, l'existence de Dieu. Elle est "sacree" dans le sens que lui donner Leiris; par son exercice, l'homme peut parvenir a son salut: non pas vaincre, mais oublier la mort souveraine. Ainsi, chez Leiris, c'est l'obscurite de la mort qui vient eclairer la poesie.